vendredi 11 octobre 2013

J'ai deux mauvaises nouvelles.



L'esclavage a presque disparu, les enfants ne travaillent plus guère en usine, les femmes occidentales se sont émancipées, d'autres sont en train de le faire…
La tyrannie semble reculer chaque jour devant la Liberté. 
Dans un même ordre d'idées, on peut penser que l’impôt, autrefois ponction douloureuse au bénéfice d’une caste régnante autoritaire, n'est plus aujourd'hui qu'une juste contribution volontaire exigée par des institutions démocratiques oeuvrant pour le bien-être des populations.

Se pourrait-il que ce ne soit pas vraiment le cas ? Se pourrait-il que certaines formes d'oppression nous échappent encore, "cachées" en plein jour, comme la célèbre "Lettre volée" d'Edgar Poe ?




Si l'on se réfère aux récents travaux de David Graeber (Dette, 5000 ans d'histoire et http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-david-graeber-2013-10-02), appuyés eux-mêmes sur les recherches de Marcel Mauss (Essai sur le don), de Felix Martin (Money: The Unauthorised Biography - 2013), de Franck Oppenheimer (L'État, ses origines, son évolution et son avenir) ou de Frédéric Bastiat (L'État, La Loi), il semble bien malheureusement qu'en réalité, les choses n'aient pas changé tant que ça, et que l'hégémonie actuelle des États-Unis sur le monde, par exemple, ou bien l'indifférence grandissante des divers gouvernements envers les revendications de leurs populations respectives, s'expliquent en réalité par un besoin illimité de pouvoir qui exige, comme pour tous les royaumes et empires en leur temps, la mise en oeuvre d'une combinaison fatale de coercition monétaire et de violence armée... et donc le paiement d'impôts de plus en plus élevés et oppressants.

La monnaie du Prince, rendue obligatoire et intrinsèquement rare par la fiscalité (car à quoi d'autre pourrait bien servir l'impôt pour un prince qui s'est octroyé le droit régalien de "frapper monnaie", c'est-à-dire d'en créer autant qu'il veut ?) est bien l'outil rêvé du financement des inutiles, des courtisans, des complices et des soldats indispensables à l'édification et au maintien du statut de Prince et aux manoeuvres de dominance universelle. (Hé oui, tout cela coûte très cher !). 




Piller directement les producteurs pour nourrir tout ce beau monde serait un peu trop voyant. L'institution de l'impôt fournit l'alibi parfait pour justifier la prédation : "Je vous prends certes, mais c'est pour mieux vous protéger, mon enfant."
La menace de violence directe que permet le monopole de la puissance dite publique, soutenue par le bien nommé "arsenal judiciaire" (policiers, huissiers, tribunaux, prisons…), est l'instrument idéal pour en assurer la perception, et imposer ainsi la circulation et la rareté de la monnaie unique, source de puissance et d'enrichissement infini. 
L'impôt serait donc, non pas une contribution volontaire, mais tout au contraire la pire des violences. 

Mais on peut aller plus loin : 

Si l'impôt est une prédation déguisée, alors les peuples qui y sont soumis devraient se retrouver globalement perdants. Les populations assujetties seraient donc en moyenne moins prospères et moins libres qu'elles ne le seraient en l'absence d'impôt. Et a contrario, à l'autre bout de la matraque, les détrousseurs devraient nager dans l'abondance...
Cette analyse, toute capillo-tractée qu'elle puisse sembler au premier abord, expliquerait par ailleurs et fort judicieusement la nécessité pour les gouvernements de procéder à des manoeuvres de redistribution, et ce, non pas pour assurer un rôle hypothétique de généreuse Providence, mais plus prosaïquement pour nourrir de quelques miettes les hôtes qu'ils sont en train de presser, et éviter que ceux-ci ne meurent sous les ponctions de leur parasitisme...

Nous serions donc bien là en présence d'une alliance quasi symbiotique entre deux entités complémentaires et synergiques : d'une part le secteur financier qui accapare le système monétaire et son pouvoir de monétisation infini, et d'autre part, le secteur politique qui dispose du monopole de la violence physique, devenue tellement omniprésente qu'elle en devient "structurelle", et donc invisible. (cf Graeber 2012 "Dead zones of the imagination"). 

L'un et l'autre s'alliant autour de l'impôt, instrument privilégié de leur association et de leur succès partagé. 

Mais me direz-vous, si cette théorie est vraie, nous devrions pouvoir en constater dans la réalité les ravages… à savoir des guerres à profusion, des révoltes, des frustrations quotidiennes, des maladies, et une augmentation générale des injustices sociales, sans parler d'un enrichissement exponentiel des détenteurs de tels pouvoirs…








Tout cela demande bien des réflexions et des prises de conscience... 

Bien confraternellement


GF