vendredi 29 août 2014

Différence entre "Monnaie" et "Système monétaire"



Cher Monsieur,
"Changer la monnaie pour changer le monde"... soit.
Mais un marteau sera toujours là pour clouer.
Or la monnaie est un intermédiaire d’échange. Elle doit avoir une valeur intrinsèque (adossée à l’or, adossée au marché de l’offre et de la demande) basée sur un minimum de rareté...




Réponse : 

La "Monnaie" est une chose. 

Le système monétaire, ou "Système de mesure et d’enregistrement des transactions" en est une autre.

D’une part, la "monnaie" (les chiffres accumulés en positif sur un compte) peut être considérée comme un intermédiaire d’échange, presque une marchandise, à laquelle on peut effectivement attribuer une valeur intrinsèque, et que par conséquent beaucoup considèrent comme un "bien" que l’on peut accumuler, sur lequel on peut demander des intérêts, etc...


D’autre part, un "Système monétaire" est un système de comptabilité mutuelle destiné à mesurer et à enregistrer les transactions réelles. 

Chaque transaction est enregistrée simultanément chez les deux intervenants. En positif d’un côté, en négatif de l’autre. Quand je vous achète quelque chose, mon compte descend, le vôtre monte.


NB1 : Ce pourrait être l’inverse. L’échelle et le sens de mesure des transactions n’a pas d’importance, il suffit que chacun soit d’accord sur les paramètres. On peut même imaginer que, comme pour les températures, il existe plusieurs systèmes que l’on puisse interconnecter avec de simples formules de conversion. 


NB2 : Évidemment, les chiffres des mesures ne sont pas "créés" pour enregistrer les transactions, ils sont simplement utilisés. Les chiffres existent pour s’en servir. La notion de « créer des chiffres » n’a aucun sens. C’est uniquement le fait que, dans le système actuel, les chiffres négatifs sont payants qui oblige à "créer" des chiffres (positifs) pour "renflouer les gens", afin que chacun puisse enregistrer librement ses productions et ses réceptions, ses achats et ses ventes...


Bref, dans le premier cas ("monnaie"), on accorde de la valeur à des mesures accumulées, dans le second ("système de mesure"), les mesures ne servent qu’à tenir les comptes et à conserver l’historique des transactions.


La différence est une question de point de vue... et de Loi. 


La "monnaie" est un point de vue qui découle à la fois d’une interprétation (des mesures accumulées ont une valeur intrinsèque) et d’une convention (pour avoir des unités de mesure, il faut les louer à un centre de pouvoir - Banque, Roi, État...). Convention et interprétation forment une synergie auto-réalisatrice.



Se débarrasser de ces conditionnements, c’est rendre à l’enregistrement des échanges sa nature simple et originelle, et par conséquent se libérer de l’endettement obligatoire pour obtenir des unités.






jeudi 28 août 2014

Renflouez les GENS, pas les banques !








Bon sang de bon sang ! Ce matin dans Libé, une pleine page qui titre : 
"Et si les Banques Centrales versaient de l'argent aux ménages"











Je bondis au kiosque et j'avale l'article en marchant… Et voilà…


*    *    *


... En fait, je m'aperçois très vite que cet article de Libé est la traduction mot pour mot d'un texte qui vient d'être publié sur le site du "Council on Foreign Relations", et que je venais de partager sur FB. 

Les deux brillants auteurs, Mark Blyth et Eric Lonergan, reprennent tous les arguments que développent depuis des années les quelques illuminés comme moi qui ont compris la monnaie-dette et qui essayent d'expliquer à leurs contemporains le rôle crucial de la monnaie dans la crise actuelle. J'avais fait un résumé de ces travaux et de ces propositions ICI.

De nombreux spécialistes, au plus haut niveau (p.e. Lord Adair Turner ici, Steve Keen ici, Ben Bernanke là, Benes et Kumhof ici...), font la même analyse, et il faut donc le répéter inlassablement à chaque fois que nous parlons de ça : 

Dans le système actuel, les banques ne sont PAS des intermédiaires qui confient l'argent des épargnants à des emprunteurs. Et la monnaie n'est PAS émise par l'État, ni par les Banques Centrales. 
En réalité, ce sont les banques ordinaires (les banques commerciales privées : LCL, BNP, etc…), qui créent du crédit ex nihilo, et c'est ce crédit nouveau qui devient de la monnaie nouvelle dès qu'il est dépensé par les "emprunteurs" qui l'ont reçu. 
La monnaie, le crédit et donc TOUT le nouveau pouvoir d'achat de la société est émis par ce mécanisme.


Bref, ce qui est important à retenir, c'est que, au plus haut niveau des institutions financières les plus globales, on commence à comprendre : 

1. qu'émettre et distribuer la monnaie par l'endettement des populations pose des problèmes importants

2. que tenter de diriger l'économie par la manipulation des taux d'intérêt ne fonctionne pas

3. que renflouer les banques en leur attribuant des milliards pour compenser les crédits qu'elles ont émis, en espérant que cela va relancer la création monétaire par le crédit est une aberration et un contre-sens total

4. que la "crise" n'est que la conséquence absurde d'une pénurie d'unités monétaires qui empêche de comptabiliser (et donc de réaliser !) les échanges créés par l'activité économique 

5. que pour rétablir l'équilibre économique, et permettre aux échanges de se réaliser à nouveau (et par conséquent rétablir la paix sociale et l'égalité entre les humains), il suffit de trouver un moyen de remettre des chiffres sur les comptes sans endetter tout le monde !

Et donc l'aboutissement parfaitement logique de ces "découvertes", c'est bien sûr de renflouer les comptes des gens : Give money directly to the peopleQuantitative easing for the People (QE4People), Renflouons les citoyens...
Bref, comme dit Libé : "Verser de l'argent aux ménages". 

Et bien sûr, cette injection de chiffres ne peut se faire que dans l'égalité, à la fois dans l'instant et dans le temps. 
Si chaque humain présent et à venir reçoit régulièrement, universellement et inconditionnellement sa part de chiffres pour lui permettre de comptabiliser ce qu'il donne et ce qu'il reçoit, et ainsi d'échanger tout ce que chacun pourra produire, inventer ou imaginer, à coup sûr, tout ira beaucoup mieux !


Toutefois, le parcours ne s'arrête pas là.

La découverte fondamentale, qui n'est pas encore arrivée à la conscience collective, c'est qu'un système monétaire est seulement un moyen de mesurer et de comptabiliser nos transactions. L'échelle du système de mesure n'a pas d'importance. On peut tout aussi bien mesurer des températures en degrés centigrades qu'en Farenheit. 
À la limite, chacun pourrait avoir ses propres règles de comptabilité, du moment que des facteurs de conversion sont identifiables… (plus d'infos à ce sujet bientôt !)

Conclusion : La "monnaie" est une manipulation du système qui consiste à faire croire qu'il faut "acheter" des unités de mesure pour pouvoir tenir ses comptes. 
C'est très fort. 

Conséquence pour l'avenir : distribuer des unités de comptes équitablement à tous les citoyens permet de résoudre le problème fondamental de la création monétaire par l'endettement infini. 

Je vous dis pas le soulagement !!!!