vendredi 12 mai 2017

Épidémie



On peut se demander s'il est bien opportun, face à un système qui s'écroule de toutes parts (environnement, déséquilibres économiques, conflits sociaux et internationaux…) de continuer à lutter.





Chaque geste que nous faisons pour sauver la planète, lutter "contre" les inégalités ou "pour" la Paix, ne fait-il pas qu'adoucir un peu les symptômes, permettant ainsi aux causes de rester inaperçues ?
Ne ferions-nous pas mieux de ne rien faire, et de laisser le système aller plus vite à sa perte, ce qui ne manquerait pas de nous donner toutes les occasions de reconstruire la suite d'autant plus tôt ?

Mais nous, qui possédons, même inconsciemment, un sens de l'éthique et de la morale commune, qui, même inconsciemment, sentons que notre action est indispensable pour "sauver le monde", nous ne pouvons pas faire autrement.
Nous sommes contraints, par notre sens de l'égalité et de la réciprocité, à réagir, et à essayer, quoi qu'il en coûte, même si nous savons bien que tout est inutile, même sans percevoir que nos actions vertueuses ne font que retarder l'inéluctable, nous sommes contraints de "faire quelque chose".
Notre sens de la survie personnelle semble lié à notre sens de la survie collective.

On ne peut pas en dire autant des psychopathes ivres de pouvoir qui se battent pour le gouvernement de la planète. Leur absence de conscience les pousse au suicide. Leur vision du monde - un jeu à gagner, un pouvoir à prendre, un bétail à conquérir, à dresser, à abattre - n'est pas celle des "gens bien".

Et cette pathologie est extrêmement contagieuse.




L'État n'est pas bienveillant, la police n'est pas là pour nous protéger, l'impôt n'est pas fait pour construire des routes, les banques ne prêtent pas d'argent. 

Qu'on se le dise.



2 commentaires:

JFA a dit…

La lutte, cher Gérard, est d’autant plus nécessaire que tout s’écroule autour de nous. La question, c’est quelles luttes : certaines sont vaines (vider l’océan avec une cuillère à café), d’autres sont contre-productives (mettre des sparadraps sur des plaies trop infectées) ; certaines nous enfument (en nous faisant croire que le système peut encore être sauvé), d’autres nous occupent futilement (en nous mobilisant sur des effets secondaires)… Sachant cela, chacun pourra à loisir faire le tri parmi les alternatives qu’il a choisi, les combats qu’il s’est donné, les engagements qui lui sont proposés !
Mais, si nous sommes contraints de “faire quelque chose”, autant innover dans ce qui ne s’est encore jamais fait. Organiser un marché gratuit, par exemple, est une action hautement éducative car elle nous apprend à sortir de l’impératif marchand, car elle inaugure un monde où les mots mêmes de “marchandise” et de “gratuit” seraient obsolètes, car elle ne retarde pas la chute du vieux monde, ne nous fait pas croire à de fausses portes de sorties… Il y a plein de luttes de ce genre qui sont possibles, utiles, prémonitoires. Il faut juste ne pas se laisser piéger par l’anathème “d’utopiste”. Voltaire, déjà, faisait dire à son Candide : "Ceux qui ne croient pas en l'impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui sont en train de le faire." La seule chose qui est sûre, c’est que nous ne sortirons indemnes de cette fin de civilisation que collectivement, pas individuellement ! En outre, l’expérience que nous avons des ruptures dans l’histoire de l’humanité, c’est que toutes les civilisations sont mortelles, mais qu’aucune n’a entraîné la fin du monde. Lutter, c‘est rompre avec ce qui s’est déjà fait, c’est inventer un autre cadre, cette fois sans capital, sans profits, sans marchandise ni valeur, sans concurrence ni compétition, un cadre où l’on puisse écrire “Liberté, Égalité, Fraternité” au fronton d’une école sans rougir…JFA.

Laurent a dit…

La révolution comme antidote à la dépression : https://comptoir.org/2016/11/21/le-talon-de-fer-de-jack-london-socialiste-pessimiste-et-visionnaire/